Ethnopsychiatrie sauvage
Là, je vais devoir garder l'anonymat de la personne qui est venue chez moi en France, car j'ai promis de ne rien dire et de plus, à Pune, les nouvelles se diffusent très rapidement. Méfiance !
C'est un Indien brahmane, donc à priori végétarien, qui vient en France et nous mangeons au restaurant. Lui vient l'idée - et là moi-même j'étais bluffée parce que je le connaissais depuis longtemps - de manger un steak haché, donc ... du BOEUF ! Il y avait chez lui comme une sorte de défi dans cet acte, du genre "moi, je suis émancipé", tout en reconnaissant clairement qu' "il vaudrait mieux que ça ne se sache pas à Pune" (d'où l'anonymat). Pas de commentaire de ma part, au fond, il est "adulte et vacciné".
Le soir-même, à la maison, il se plaint d'un bouton sur le nez. Je regarde, vois bien un petit point rouge, mais rien de bien sérieux. Quelque chose comme un comédon un peu irrité ? Et là, mon ami commence tout un discours qui m'a stupéfaite : que ça vient de la nourriture, que celle-ci en France est de nature chaude, qu'elle crée des inflammations dans tout le corps, qu'il doit manger de la nourriture de nature froide ... là où je ne voyais que nez, bouton et tout petit microbe. Visiblement, ce n'est pas seulement son nez, c'est tout son corps qui est atteint par cette (mortelle ?) inflammation. Et son inquiétude de monter, c'était presque de l'angoisse, son discours de devenir de plus en plus obsessionnel ... Je me suis dit : Nous voilà bien ! Qu'est-ce que je fais maintenant ?
Idée soudaine : Mais pourquoi n'appelles tu pas X , tu sais il est en stage à Paris, il est de Pune, il est médecin, tu le connais, il va pouvoir te renseigner sur ce qu'il faut faire ! Appel téléphonique en urgence de mon ami. Trois quart d'heures en marathe (!!!), la langue du Maharashtra auquel évidemment je ne comprends rien mais qui ont bien réussi à mon ami qui a retrouvé le sourire ... et est redevenu végétarien.