Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Indomaniaque, mon blog de l'Inde
9 décembre 2006

J'ai lu et j'ai aimé ...

The argumentative Indian, Amartya Sen, Penguin (en anglais)

Amartya Sen est indien et prix Nobel d'économie. Un de ses livres, paru en français sous le titre "Un nouveau modèle économique" décrit les relations entre démocratie, éducation, ... et développement économique. On y trouve également de nombreuses statistiques sur l'Inde.


Son nouveau livre "The argumentative Indian" est une reprise d'essais et de conférences sur l'Inde, dont le thème majeur est la liberté d'expression ayant existé / existant en Inde et de plus en plus nécessaire face à plusieurs phénomènes inquiétants, tels le renouveau nationaliste et extrémiste hindou et le prétendu "choc des civilisations" de Huntington.  De Ashoka, l'empereur bouddhiste à Tagore, le poète contemporain en passant par Akbar, l'empereur moghol qui tenta une symbiose des religions, il analyse le passé et le présent de l'Inde pour mettre en exergue un dialogue indispensable au monde d'aujourd'hui.

 

Publicité
28 octobre 2006

Jean de La Fontaine et l'Inde

 

DSCN0155

Buste de La Fontaine à-Vaux-le-Vicomte

Je me promenais un jour dans les rues de Pune quand j'ai remarqué un libraire qui vendait des livres pour enfants en marathe. Je m'approche pour les feuilleter (l'avantage des livres pour enfants, ce sont les images !) et je découvre ... le lièvre et la tortue, le renard et les raisins, en bref les Fables de La Fontaine en marathe.

Bizarre, je ne pensais pas que la Fontaine soit connu aussi loin de la France ! Rentrée chez mes amis, je leur parle de ces livres, sans faire allusion à La Fontaine et ils m'apprennent qu'il s'agit de littérature très classique en Inde, ça s'appelle le Pancha Tantra et celà met en scène des animaux qui parlent et se comportent comme des êtres humains.

J'ai fait quelques recherches sur La Fontaine par la suite. Lui-même écrivait : "Je chante les héros dont Esope est le père". Donc, les fables de La Fontaine viendraient des Grecs. Mais voilà que des amis arabes me disent : mais non, mais non, ces fables viennent du monde arabe. Chez nous, le livre s'appelle Kalila oua Dimna. OK, allons-y pour les Arabes.  Mais qu'est-ce que je fait avec mes fables en marathe, moi ?

Si quelqu'un peut me renseigner ?

16 septembre 2006

Le coton et le rouet

Voici un texte sur la notion gandhienne d'économie. A l'heure où l'Inde a ouvert ses marchés et se développe à un rythme soutenu, que reste-t'il de cette utopie ? Rien, peut-être. Mais n'allons nous pas devoir y revenir dans cent ou deux cents ans faute de sources d'énergie, problème non envisagé dans cet extrait ? 

gandhi_rouet

Vinôbâ ou Le nouveau pèlerinage, Lanza del Vasto, Folio

 

Voici par exemple un problème économique : il pousse du coton dans le champ d'en face ; le maître du champ vend son coton à un collecteur qui le revend à un marchand qui le revend à un autre qui le transporte à Bombay où il est vendu à un exportateur qui l'embarque pour un port anglais où il est vendu à une usine qui en fait du coton filé et le vend à une autre usine qui en fait du coton tissé qui le vend à un marchand qui le vend à un autre qui l'expédie à Bombay où il est vendu à un marchand qui le vend à un colporteur qui le vend au village du maître du champ de coton.

En jouant à la balle avec des tonnes de coton on expose la marchandise aux mites et aux termites, à la moisissure et à l'incendie, au vol et au naufrage, à la hausse et à la baisse, à la crise et à la guerre.

Pour jouer à la balle avec des tonnes de coton il faut des milliers de kilomètres de rail, des ports, des docks, des entrepôts, des bateaux, des douaniers, des contrôleurs, des policiers, des tribunaux et des prisons, des bureaux, des banques et des bourses, des armées et des canons, des colonies et des peuples réduits en servitude, des usines, des machines et des millions de prolétaires toujours au bord de la rébellion.

Et voici maintenant l'économie du problème :

C'est que le maître du champ prenne une petite roue ou même une tige comme celle-ci et la fasse tourner jusqu'à ce qu'il soit vêtu du coton de son champ, lui, sa famille et tout son village, au lieu de faire tourner son coton tout autour de la terre.

Aucun économiste n'a trouvé ça. Il faut à ces gens-là des solutions compliquées et dignes de leur haut savoir. Des solutions qui posent d'autres problèmes, pour lesquels il faudra recourir de nouveau à leur haut savoir.

 

29 août 2006

Un passant aux yeux naïfs

livre

Pourquoi un blog sur l'Inde ? C'est une question que je me pose. Comment se fait-il que j'ai tant de choses à raconter ? J'ai trouvé une réponse possible dans un livre que j'aime beaucoup.

Extrait de Un barbare en Asie, Henri Michaux, Gallimard :

Certains s'étonnent qu'ayant vécu en un pays d'Europe plus de trente ans, il ne me soit jamais arrivé d'en parler. J'arrive aux Indes, j'ouvre les yeux et j'écris un livre.
Certains qui s'étonnent m'étonnent.
Comment n'écrirait-on pas sur un pays qui s'est présenté à vous avec l'abondance des choses nouvelles et dans la joie de revivre ?
Et comment écrirait-on sur un pays où l'on a vécu trente ans, liés à l'ennui, à la contradiction, aux soucis étroits, aux défaites, au train-train quotidien, et sur lequel on ne sait plus rien.
Mais ai-je été exact dans mes comparaisons ?
(...)
La connaissance ne progresse pas avec le temps. On passe sur les différences. On s'en arrange. On s'entend. Mais on ne se situe plus. Cette loi fatale fait que les vieux résidents en Asie et les personnes les plus mêlées aux Asiatiques, ne sont pas les plus à même d'en garder une vision centrée et qu'un passant aux yeux naïfs peut parfois mettre le doigt sur le centre.
 

10 août 2006

L'illusion cosmique

J'ai aimé :

Psaumes du pèlerin, Toukârâm, traduit du marathe par Guy Deleury

Un extrait :

 

L'illusion cosmique avait jeté sur moi son filet
mais ce Vihthal me prit en pitié.

Il m'en tira hors et me mit à l'écart,
il m'ouvrit mes yeux sur une merveille,

On danse, on saute, on prend l'illusion pour merveille,
on croit réel un bonheur périssable.

On pleure, on gémit, on se casse la tête,
on pleure un ami à en mourir.

Je m'étonne moi-même, dit Toukâ,
à m'entendre dire ces paroles.

Quatrième de couverture :

De 1598 à 1650 - à deux ans près les dates de Descartes - vivait dans le Deccan, au coeur du pays marathe, un boutiquier des plus humbles, et même des plus humiliés puisqu'il appartenait à la dernière des castes, celle des choudras. Un illetté, au sens actuel du mot, un véritable analphabète. Négligeant un jour les siens, le voilà qui se réfugie dans la jungle, en prière. Bien des femmes chez nous font encore les cafés, pour en arracher leur homme; la femme du boutiquier courait elle aussi les collines afin de leur dérober ce nouvel amant de Dieu ...

 

Publicité
<< < 1 2
Publicité